Avertissement !
J’ai fini de replacer une par une l’intégralité des images de ce blogue, qui a été « hacké »/piraté…
Dans cet article en deux parties et 4 étapes, je vous propose de voir les 4 étapes d’une illustration que j’ai réalisée en 1986. Il s’agit de la couverture du roman policier “Folies de flic”, de Georges Patrick, nº 2053, paru dans la collection Série noire1, chez Gallimard. En passant, mes brèves recherches m’ont permis d’apprendre que Georges Patrick est le pseudonyme de Patrick Pesnot2…
De mémoire, ce livre aurait fait l’objet, de deux adaptations télévisuelles. L’une est bien référencée, pour un téléfilm de la série “Navarro”, l’épisode 1 de la première saison3, en 1989, et titré simplement… “Folies de flics” ! Quant à l’autre, soit j’ai rêvé, soit je n’ai pas réussi à retrouver la référence… Peut importe…
Dans la première partie, étape 1, les recherches d’idées ! Je vous montre une façon de concevoir une couverture, avec un remue-méninges préalable et des recherches, sous forme de croquis aux feutres…
Dans la deuxième partie, étape 2, je vous montrerai le dessin final, avec le report au calque.
Suivi de l’étape 3, la peinture, au pinceau et à l’aérographe (sorte de peinture au pistolet miniature), à l’acrylique. Donc une reproduction de l’original.
Et l’étape 4, qui ne dépend plus de moi, c’est le tirage… C’est-à-dire la reproduction de la couverture imprimée…
Etape 1 – les recherches
Les recherches peuvent être écrites ou dessinées. Et pour trouver des idées, il existe diverses méthodes, comme le remue-méninges, la matrice de découverte, la “bissociation” (association de deux éléments), les associations forcées aléatoires, etc.
Pour l’illustration, l’objectif final est un dessin ou une peinture ! Donc il est assez vite nécessaire de faire des croquis. Ce qu’on nomme aussi des esquisses, des pochades, etc.
Voyons cela en détail…
Remue-méninges ou brainstorming ?
Pendant un remue-méninges4 (un “brainstorming5” en Anglais), l’un des quatre principes6, peut-être le plus important, est : aucune critique… Et donc aucune auto-critique !
Pendant, et après la lecture du tapuscrit7 du livre, je commence par noter les mots-clés, ou tout ce que la lecture m’évoque. Cela implique donc de simples mots, des noms communs comme ici :
- papier, qui évoque la fragilité ;
- médaille, qu’on remet en récompense ;
- tricolore, les couleurs du drapeau Français, sur les cartes d’identité des policiers ;
- cocarde, même principe que ci-dessus pour les policiers ;
- képi des policiers, victimes ;
- cible(s), que sont les policiers, victime du tueur ;
- menottes, qui symbolisent la Police…
Cela peut aussi être des adjectifs comme :
- troué, comme sur une cible usagée ;
- déchiré, qui connote la fragilité ;
- brûlé, pour la fragilité, voire la “brûlure” d’une balle ;
Cela peut aussi être des groupes de mots existants, ou que je crée en associant deux ou plusieurs mots évocateurs :
- papier-cible, car le tueur vise bien et tue ;
- papier déchiré, car l’aspect “déchiré” évoque la douleur ;
- papier troué, comme un impact de balle ;
- papier brûlé, qui peut évoquer la destruction violente…
Bien sûr, cela peut aussi être le titre d’un film, le nom d’un tableau, une expression… Ici, cela m’a évoqué la “théorie des dominos”, comme vous pouvez le lire sur mes brèves notes ci-dessus…
Théorie des dominos, comme idée ?
Pour cette esquisse en couleurs (ou “rough” en Franglais8), et les suivantes, je les ai réalisées rapidement à l’aide de feutres (des “markers” en Franglais). En principe, j’utilise un papier spécial, dédié à l’utilisation des feutres : du papier pour feutres, nommé “lay-out” en Anglais.
Ce papier présente deux avantages :
- d’une part, ce papier serait très chargé en colle. Ainsi il ne “transpire” pas. Donc la feuille suivante, en dessous, n’est pas salie par l’encre qui “passerait” au travers de la feuille supérieure ;
- d’autre part, il n’agit pas comme une « éponge ». Car un papier ordinaire absorbe beaucoup d’encre, et « use » vite les feutres !
Je crois me souvenir que pour ces croquis, j’ai peut-être utilisé un simple papier machine, qui est très “gourmand” en encre de feutres, car il absorbe beaucoup l’encre, presque comme un papier buvard…
je suis parti sur la théorie des dominos, car le tueur en série (“serial killer“ en… Anglais !) va enchaîner les assassinats…
Plus tard, j’ai pensé qu’il y avait le risque que cela ne soit pas compréhensible… Mais pour l’instant, je suis à l’étape des recherches d’idées. Donc aucune auto-critique…
Cible en forme de silhouette ?
Puis, j’ai pensé à une cible en forme de silhouette de tir. De ces cibles qui ont la silhouette, le contour d’une personne.
Et j’ai croqué, très vite cela. Une silhouette noire… Je ne sais pas pourquoi j’ai placé deux séries de cercles concentriques.
Plus tard, j’ai éliminé cette idée, car trop banale, bien que très graphique.
En effet, une bonne silhouette, bien dessinée peut être très efficace en matière de lecture, de communication visuelle ! Beaucoup d’auteurs de livres sur le dessin, la bande dessinée, le dessin animé, conseillent de penser en silhouette très lisible lors de la conception d’une image. Si la silhouette est lisible, le dessin aura toutes “les chances” d’être bon, efficace… Preston Blair, par exemple, qui est un Maître et un modèle en dessin animé, le conseille dans les “Walter Foster book”…
Cible en forme de coeur tricolore troué ?
J’ai ensuite pensé aux trois couleurs du drapeau Français. Car ce sont aussi les trois couleurs qu’on peut le voir sur les cartes nationales d’identité des policiers, et aussi des journalistes d’ailleurs…
En passant, on peut noter que ce sont aussi les couleurs de la Grande-Bretagne (United Kingdom) et des USA (United States of America). D’où les couleurs du costume de Captain America, bien sûr…
Et j’ai imaginé que le centre de la cible, son cœur, soit… Un cœur !
Et bien sûr en rouge ! Pourquoi en rouge ? Pour deux raisons :
- en allant de l’extérieur à l’intérieur, on va du bleu au rouge en passant par le blanc (drapeau bleu, blanc rouge).
- de plus, mettre le cœur en bleu pouvait connoter l’ancienne noblesse, dont on parlait en disant « être de sang bleu ».
Vu dans le viseur d’un tireur d’élite une cible tricolore avec au centre un coeur troué ?
Pour l’idée suivante, j’ai repris les trois mêmes couleurs pour les mêmes raisons que ci-dessus, en supprimant l’effet de relief du coeur. Et en ajoutant l’effet, parfois utilisé au cinéma ou à la télévision… Celui du viseur des tireurs d’élite (“snippers” en Anglais), policiers, tueurs à gages, etc.
Et j’ai redonné aux contours extérieurs de la cible la forme de cercles concentriques.
Plus tard, j’ai finalement abandonné cette idée, car peut-être déjà trop vue, et peut-être pas assez “illustrative” et trop graphique, comme peut l’être un logotype (logo en argot professionnel).
Et j’ai décidé de revenir à la notion de silhouette. Car dans la phase créative de recherches d’idées, il est toujours possible d’explorer diverses voies, et d’y revenir, si on le souhaite, ou si votre intuition vous y invite…
Cibles trouées avec carte d’identité de policiers ?
Cette fois, j’ai rendu les silhouettes très “graphiques”, dans l’esprit des pictogrammes qui nous indiquent où sont les toilettes, les “W.C.”. De ces silhouette avec un cercle pour la tête, et des formes très géométriques…
Et j’ai “collé”, sur la zone qui représente le buste,ce que j’imagine être une “Carte Nationale d’Identité de Policier”. Je me suis inspiré de la “Carte Nationale d’Identité des Journalistes”…
Comment est-ce que je connais cette carte ? Celle des journalistes ? Tout simplement parce que je l’ai obtenue, année après année (elle est annuelle, via son timbre) pendant presque 20 ans, ce serait bête de “gâcher”, non ? D’autant que dans les deux cas, il s’agit d’une carte officielle… Pour les journalistes, son obtention relève du Code du travail me semble t-il ? A moins que ce ne soit du Code civil ? Je ne sais plus…
Cibles en forme de silhouettes blanches trouées et en éventail ?
Pour cette idée, j’ai opté pour la couleur des cibles des fêtes foraines : dominante blanche – ou presque – et quelques cercles rouges concentriques. Et au centre, un cercle plein, en rouge
Comme il y a plusieurs morts dans ce récit, j’ai décidé de mettre plusieurs cibles découpées en forme de silhouettes stylisée.
Et j’ai décalé en éventail chacune des cibles, car c’est tout à la fois plus visuel, et plus graphique !
Enfin j’ai placé un impact de balle dans chacune des têtes, avec un trou un peu “rongé” et brûlé sur son pourtour…
Cette idée me plaisait bien. Aussi ai-je décidé de faire des variantes…
Personnage en aplat découpé qui chute avec cible trouée ?
J’ai aussi eu envie de jouer sur une forme qui évoque le papier découpé, ou le carton. Un peu blanc cassé, comme ces cible des fêtes foraines, en carton carré. Sauf que là, j’ai voulu que la cible ait la silhouette d’un homme en train de chuter. De tomber en arrière, avec le visage en contre-plongée…
Pour information (ou pour mémoire), les couvertures de la collection sont à fond noir. Et l’image est inscrite dans un cercle de 7 cm de diamètre. Comme le cercle, entouré de noir peut suggérer un projecteur, qu’on appelle une “poursuite” au théâtre, j’ai décidé d’en jouer…
Afin de suggérer un effet de relief, j’ai mis du noir derrière la silhouette, afin, là aussi, de dramatiser ! Dans le même esprit que la chute du personnage-cible…
Cibles trouées sur des personnages découpés qui chutent en sortant de cartes en éventail ?
Quant à cette idée, c’est la même que la précédente, en ajoutant d’autres cibles, car il y a plusieurs morts…
Donc d’autres cibles… Et autant que faire se peut, qu’elles soient identiques, pour éviter de générer la confusion. Cela renforce l’effet, hélas répétitif, du tueur !
Et j’ai continué de renforcer cette idée de relief, de 3e dimension, avec un effet d’ombre portée de chaque forme sur la carte suivante.
Et j’ai voulu que les bras dépassent, semblant sortir de chaque carte. Cela permet d’avoir une silhouette beaucoup plus intéressante !
Après réflexions – plusieurs réflexions ! – j’ai fini par prendre une décision… J’ai retenu une idée pour passer à la mise en forme définitive…
Et je suis passé à l’étape 2 : le dessin final, sur calque. Ce que nous allons voir dans le prochain article.
À suivre…
Avez-vous aimé cet article ? Merci de me le faire savoir en commentaire ci-dessous. Et si je n’ai pas été assez explicite, merci de me poser des questions en commentaire…
Richard Martens
Texte version 2.0 (post-piratage)
Notes
Comme d’habitude, voici les liens de l’article, au cas où l’un d’eux serait brisé dans le corps de l’article… Si c’est le cas, il vous suffit de faire un copier-coller d’un lien ci-dessous, et de le coller dans la barre de votre navigateur…
- Collection “Série noire”, aux éditions Gallimard : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Serie-Noire
- Georges Patrick est le pseudonyme de Patrick Pesnot : https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Pesnot
- Série “Navarro”, épisode 1 de la première saison, “Folies de flic” : https://fr.wikipedia.org/wiki/Navarro
- “Remue-méninges” a été proposé en lieu et place du mot Anglais “brainstorming” : https://fr.wiktionary.org/wiki/remue-m%C3%A9ninges
- Brainstorming, un article de Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Brainstorming
- Quatre principes en remue-méninges, qui découlent de deux principes de base (qui sont d’arrêter de juger & de chercher beaucoup d’idées) : 1. – Aucune critique ; 2. — Un maximum d’idées ; 3. – Ce qui es farfelu est accepté ; 4. – Rebondir, associer, adapter à partir des idées d’autrui est souhaité.
- Tapuscrit : texte dactylographié ou tapé à l’aide d’un ordinateur.
- Franglais, un article sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Franglais