Comment agrandir un dessin ? C’est une question qui revient parfois…
Et une autre question revient souvent : pourquoi agrandir un dessin ?
Et parfois aussi : pourquoi ne pas le faire en grand dès le début ? Je répondrai à cette dernière question lors d’un autre article…
Je vais répondre à ces questions. C’est ce que je vais expliquer dans cet article. Que je vais illustrer avec une réalisation, dont la reproduction figure ci-contre, et que je considère comme inachevée. Même si certaines personnes m’ont dit le contraire…
Concernant cette peinture, je suis parti de l’idée d’un crayon qui serait comme un tube de dentifrice…
Voyons d’abord les raisons de travailler “petit”, et pourquoi agrandir ? Et ci-dessous les premières recherches en petit format.
Recherches en petit format A4* ou A5*
* Pour mémoire :
- le format A3 est le double du format A4. Donc le A3 est de 29,7 cm x 42 cm. C’est le grand format de la plupart des photocopieuses.
- le format A4 est de 21 cm x 29,7 cm. C’est le format du papier dit “papier machine”, du courrier, et le format normal des photocopieuses
- le format A5 est la moitié du format A4, soit 14,85 cm x 21 cm.
Pourquoi travailler en petit format ?
Je vais être bref sur cette question. Puisque j’y reviendrai, dans un article dédié à ce sujet, très important, selon moi !
L’intérêt de dessiner en petit format, c’est-à-dire en format A4 (21 x 29,7 cm) maximum, voire plus petit, c’est que nous avons une vue d’ensemble du dessin. Ainsi on peut voir si les proportions & la composition “fonctionnent”… Ou pas !
Si le format est trop grand, il est physiologiquement impossible de voir l’ensemble !
Chaque fois que j’ai eu à faire une peinture, un dessin, une illustration, j’ai toujours commencé par dessiner en petit format mes recherches d’idées. Et ceci jusqu’au dessin final, avant de passer à l’encrage en noir et blanc, ou à la peinture !
Pour le “crayon-tube”, j’ai commencé par faire des recherches, ci-dessus, sur du calque d’un format de 21 x 27 cm, avec deux crayons, un bleu & un rouge…
Puis j’ai réalisé un dessin — que j’ai annoté — d’un tube de dentifrice. Dessin placé ci-dessous, qui est à peu près au format du crayonné original, soit 15 cm de large, sur du papier machine de 80 ou 90 g/m2 !
Pourquoi agrandir ?
Sauf à avoir une âme de miniaturiste, il est très souvent utile de dessiner — ou de peindre — en grand format, car on peut traiter de détails sans se fatiguer les yeux, entre autres raisons.
De plus, un petit “raté” sera quasi invisible dans une grande réalisation. Ce n’est pas un hasard, si, sur Facebook, dans les groupes — nombreux — consacrés à la peinture &/ou au dessin, beaucoup de réalisations sont faites en très grand format. Parfois plus d’un mètre de côté… il y a souvent des objets posés près de l’oeuvre (crayons, stylo-bille, etc.) qui donnent une idée de l’échelle de la création. Et donc de sa taille.
Travailler en grand est très souvent plus “confortable”, quand on a la place…
À noter…
Agrandir un dessin, signifie aussi reporter le dessin ! Et reporter un dessin sur un feuille “fraîche” ou une toile signifie que le support n’est pas “fatigué”.
En effet, souvent le fait de dessiner sur la feuille un peu longtemps, voire de gommer va “fatiguer” la feuille, la marquer, l’abîmer !
Nous allons voir maintenant le sujet principal de cet article…
Existe t-il des méthodes pour agrandir un dessin ?
Oui, il en existe un certain nombre ! Certaines sont très anciennes. Certaines sont plus pratiques que d’autres. Certaines sont pratiques… Mais coûteuses !
Il existe diverses façons d’agrandir un dessin. En voici une liste :
- la mise aux carreaux, méthode la plus ancienne (Michel-Ange, Léonard de Vinci, etc.) que j’explique dans cet article. Elle est économique, et implique d’avoir de la patience ;
- la prise de vue en diapositive, puis sa projection (les peintres hyperréalistes Américains, Salvador Dali probablement, etc.) ;
- le rétroprojecteur ;
- l’épidiascope (Joseph Gillain dit Jijé…) ;
- la chambre noire (Vermeer…) ;
- la chambre claire (Dürer, Léonard de Vinci…) ;
- la photographie (Jean-Jacques Vincent…) ;
- le scanner.
Il est possible que j’en oublie…
J’en expliquerai certaines plus tard, en fonction des questions que vous seriez amené à me poser.
Ci-dessus, j’ai placé mon dessin final, en bleu, sur un papier machine en format A4 (21 x 29,7 cm).
Le carroyage ou mise aux carreaux
Le procédé qui consiste à tracer des carreaux sur un dessin est très ancien et se nomme le « carroyage » ou la « mise aux carreaux ».
Mon dessin lui même, mis aux carreaux ci-dessus, mesure 10 cm de haut x 18 cm de large.
Quand le dessin a été terminé, j’ai tracé des carreaux d’un centimètre de côté, soit dix-huit carreaux de large pour dix carreaux de haut, donc un dessin de 18 cm x 10 cm !
Et je place, pour chaque colonne et pour chaque rangée :
- soit des nombres romains (de I à XVIII, ici) & arabes (de 1 à 10 ou plus) ;
- soit des nombres (de 1 à 18, par exemple) et des lettres de l’alphabet (de A à J, par exemple).
L’important est de pouvoir repérer chaque case/carré par une donnée numérique ou alpha-numérique. Par exemple : 3-XII ou bien C-12, selon votre choix de notation des colonnes et des rangées.
Vous pouvez voir que j’ai fait cela sur le dessin ci-dessus : de 1 à 10 pour les rangées, et de I à XVIII, pour les colonnes.
Placer des carreaux plus petits dans des carreaux ?
Ci-dessous, j’ai placé un agrandissement photographique d’un détail de ce dessin final. Pour montrer que parfois, il peut y avoir beaucoup de petits détails. Auquel cas il suffit – là ou il y a des petits détails – de diviser en deux chacun des côtés des carrés concernés. Comme ci-dessous…
Il m’est arrivé, lors de la lecture d’un ouvrage qui se voulait sérieux, de lire que le peintre Edgar Degas utilisait les carreaux pour apprendre à dessiner. Alors qu’il est plus que probable que Degas devait utiliser le carroyage pour agrandir et reporter son dessin, afin de le peindre… en plus grand… sur une toile !
À noter…
En haut à droite de cet agrandissement — ci dessus —, les carreaux mesurent — en réalité — 1 cm. Alors qu’en bas et à gauche, j’ai “doublé” les carreaux. Pour le dire autrement, j’ai divisé en deux les carreaux d’un centimètre. Donc nous pouvons voir des carreaux — avec un tracé plus fin — d’un demi centimètre, donc de 5 mm (cinq millimètres) de côté ! Cela va permettre de mieux gérer les détails.
Comment agrandir ? En reportant le dessin, carré après carré, dans des carreaux plus grands !
Pour agrandir, il suffit de prendre une feuille plus grande. Une feuille de la taille du support final : toile, papier…
Pour cette peinture, j’ai opté pour un papier de format supérieur à A3 (29,7 x 42 cm). Aussi ai-je pris une feuille de calque de format A3… Sur cette feuille A3, j’ai tracé des carreaux deux fois plus grands, de 2 cm de côté. Soit dix carreaux de haut pour dix-huit carreaux de large !
Comparons la taille du dessin final et de son agrandissement
Ci-dessous, j’ai mis exprès le dessin final, lequel est — dans la réalité — inscrit dans un A4 — donc un peu plus petit qu’un A4 —, et son agrandissement dans un format A3 (29,7 x 42 cm) soit un peu plus du double ! Il va de soi que ce ne sont pas les vraies mesures sur cet écran d’ordinateur. Cependant le rapport est à peu près le même, soit quasiment du simple au double !
Sur ce calque de l’agrandissement, retrouvé récemment, nous pouvons voir que je l’avais plié en deux pour l’archiver. Et qu’il comporte des traces de rouge déposé à l’aérographe1.
J’avais — plus haut — indiqué que, sur le dessin d’origine, j’avais divisé certains carreaux, en carreaux de 5 mm, pour les détails. J’ai donc fait la même chose sur le calque de format A3, avec des carreaux d’un cm dans les carreaux de 2 cm !
Puis en allant de carreau en carreau, j’ai reproduit sur le calque A3, TOUT ce qu’il y avait dans chaque carré du dessin d’origine. D’où l’intérêt de “nommer” les carrés, grâce au “codage” alpha-numérique” (ou pour moi, “codé” ici, en nombres romains & arabes). Ceci évite de se perdre. Y compris en faisant des pauses. Ainsi, il est facile de savoir où on en est…
Quand tout le dessin a été agrandi, il reste à le décalquer, puis à peindre !
Comme je l’ai écrit dans le chapeau2, cette peinture est, pour moi, inachevée, puisque la partie centrale du tube est “plate”, c’est-à-dire seulement faite d’un aplat rouge sans le moindre modelé d’une part, et le bois près de la mine n’est pas… “ter-miné”, d’autre part.
Voilà… J’espère avoir été explicite, sans être ennuyeux. Et que cet article servira à quelqu’un.
Si ce n’est pas assez explicite, merci de me le dire dans les commentaires ci-dessous. Vous pouvez aussi poser des questions, ou rédiger des demandes. Merci d’avance !
Richard Martens
Texte version 2.0, pour cause de refonte post-piratage…
Notes
- Aérographe : c’est une sorte de pistolet pour la peinture. Un pistolet qui pulvérise très finement de la couleur liquide. Ce nom était à l’origine une marque Américaine, qui existerait toujours : Aerograph. Sans “e” à la fin, et bien sûr sans accent… C’est devenu, comme Frigidaire, un nom commun sans majuscule.
- Chapeau (ou chapô) : terme de typographie pour désigner, dans la presse, le texte d’introduction/présentation d’un article. Souvent en corps gras (typographie plus épaisse), voire dans un corps plus grand (c’est-à-dire un texte plus grand).