Voici les étapes commentées, en deux parties, d’un dessin que j’ai réalisé à la plume. Il s’agit du dessin d’un carton d’invitation que j’ai réalisé pour une soirée associative, en hommage à un membre… Centenaire ! Sur mon blogue, dédié à la prestidigitation, je viens de rédiger un bref article consacré à cette soirée : “Les 100 ans de Charles Barbier”1. Il a pratiqué, & pratique encore, des démonstrations de mémoire & de calcul mental. Et une partie de sa carrière professionnelle, fut la “pratique” de l’anti-fakirisme. C’est pourquoi, je l’ai représenté en smoking, assis en posture du lotus, sur un tapis à clous.
Quel est le premier besoin d’un illustrateur réaliste ?
Le premier besoin d’un illustrateur réaliste, c’est… La documentation !
Ayant exercé professionnellement pendant presque vingt ans, pour des revues comme le Point, le Nouvel Obs, & pour des éditeurs comme Hachette, Gallimard, etc., je parle en connaissance de cause…
Pour cela, il me fallait une photo de Charles Barbier. Par chance, il y avait, en 2012, un article sur Wikipédia. Je suis retourné le voir ces jours-ci. Il a été supprimé… Je suppose que c’est faute d’informations précises, & peut-être par manque de sources ?
Toujours est-il que j’ai trouvé sur internet, & ailleurs, quelques portraits photographiques…
Il m’avait été suggéré de, peut-être le dessiner en fakir… Car une partie de la carrière de Charles Barbier a été un numéro d’anti-fakir. J’ai décidé de suivre ces conseils… Peut-être sur un tapis de clous, l’un des numéros préférés des fakirs, & donc d’un anti-fakir, comme Charles Barbier…
Et j’ai décidé de réaliser un portrait-charge, comme on les nommait autrefois. Il s’agit d’un portrait qui peut être réaliste, voire caricatural, sur un corps très petit.
À NOTER – Cette tendance de dessiner des petits corps surmontés d’une grosse tête s’est perpétuée dans la bande dessinée Japonaise. En effet, c’est un genre pratiqué dans les mangas, par un auteur comme, par exemple, Akira Toriyama2, le père de Dragon Ball3, & de l’excellent & délirant Dr Slump4.
Documentation sur la posture du Lotus
Ensuite j’ai cherché diverses représentations de l’asana (ou posture) du Lotus, la posture du yoga, la plus connue, me semble t-il…
L’idée était d’avoir une représentation assez “stylisée” pour “signifier” cette posture. D’où l’idée d’avoir plusieurs photos afin de pouvoir créer un dessin qui ne soit pas une copie… Puisqu’il serait en smoking ! Même si parfois c’est pratique, ou utile, voire indispensable de pratiquer la copie ! J’y reviendrais…
Pourquoi seulement les étapes de l’encrage ?
Pourquoi l’encrage seulement ? Et pourquoi n’y a t-il pas les étapes précédentes ? C’est-à-dire les étapes des recherches crayonnées ? Puis du début du crayonné définitif ?
Tout simplement pour deux raisons :
- – d’abord parce que je manquais de temps & que j’ai crayonné très légèrement. C’est d’ailleurs pour cela, qu’en bas du dessin de cette première étape, on ne distingue pas (ou plus) la planche à clous ;
- – ensuite parce que je n’ai pas pris le temps de faire des photos des étapes de ce croquis…
Alors que j’ai, ensuite, pris le temps de photographier quelques étapes, que vous pouvez voir dans cet article & le prochain.
Des délais ?
Il y a toujours des délais, quand on exerce comme illustrateur ou graphiste professionnel. Car il y a, derrière la future réalisation, une demande, une commande du “client”. Ici les délais sont d’avoir le temps de pouvoir faire imprimer, ET d’envoyer – par la Poste – le carton d’invitation. Un compte à rebours s’impose, et donne une date butoir, à ne pas dépasser. Car en fin de “chaîne”, il y a la soirée, qu’on ne peut pas déplacer !
Différence entre l’artiste-peintre & l’illustrateur ? Entre l’amateur et le professionnel ?
L’artiste – amateur ou professionnel – peut ne pas avoir de délais. Ce n’est pas une règle absolue.
L’illustrateur – professionnel – a toujours un délai à respecter : celui du “client”. Car l’illustrateur est un artiste qui met son talent au service d’un roman, d’un article, etc. Et l’illustrateur est un des maillons d’une chaîne, entre la demande du client & le produit fini & “publié” (publication dans la presse, par exemple). Donc l’imprimeur, la Poste, etc.
Au bilan : les délais sont de quelques jours, & je n’ai pas que cela à faire… Dont, en fait, je ne dispose que de quelques heures pour cette réalisation…
Les choix pour réaliser vite ?
Avec des délais courts, je n’ai pas beaucoup de choix…
Décision concernant les outils artistiques utilisés
Fort des délais courts (donc quelques heures seulement), & de mon expérience, j’ai décidé de réaliser un dessin à la plume & à l’encre de Chine. En valorisant, et en ombrant avec un crayon gras noir, du style “craie grasse”. Parfois appelé (à tort, selon moi) “pastel gras”.
Quel papier ?
Compte tenu de mon choix des outils (plume & encre de Chine), j’ai donc opté pour un papier à grain, pour avoir déjà pratiqué ce type d’illustration.
Etape 1 : le tracé au « trait déroulé » des « contours »
Dans un premier temps, j’ai encré les “contours” du dessin. Les traits essentiels…
Et j’ai ombré le bas des cheveux du côté gauche…
Etape 2 : l’encrage de la planche à clous
Vous pouvez voir, sur cette deuxième étape, ci-contre, que je suis passé à l’encrage de la planche à clous. Clous très exagérés, caricaturés ! Et je les ai ombrés à la plume, comme le reste… Pour le moment…
J’ai aussi encré les veines de la planche de bois, qui supporte les clous.
Etape 3 : le placement des noirs
À ce stade du dessin, je place les noirs, c’est-à-dire les ombres les plus intenses.
Placer les noirs pour faire ressortir les masses
Placer les ombres permet de mieux faire ressortir les “masses”, c’est-à-dire les parties. Ici, celles placées dans l’ombre. Et cela commence à “donner du volume”, du relief à l’image…
En effet, vous pouvez voir que ce portrait est très “pâle”, très “plat” sur les deux premières étapes.
Alors que le portrait fini – au début de cet article –, avec un fond ocre jaune, présente plus de relief, de volume…
Placer les ombres…
Je continue de noircir : le noeud papillon, et la veste.
En noircissant avec quoi ? Comment ?
Avec de l’encre de Chine, à la plume… Et aussi au pinceau pour les surfaces un peu larges. Et je continue sur l’oreille du côté gauche…
Dans le prochain article, la suite & la fin des étapes de ce dessin, nous verrons le modelé des ombres, ainsi que l’utilisation du crayon gras.
Et nous répondrons aussi à la question que vous pouvez, peut-être vous poser…
Pourquoi un crayon gras ?
Avec les avantages que cela représente… Nous verrons donc cela prochainement…
À suivre…
À noter : pour une bonne reproduction de documents…
Dans l’idéal, le mieux est toujours de scanner, et non de photographier le document. Pour quelle raison ? Parce que l’objectif de l’appareil photographique déforme l’image, et que la feuille de dessin – un rectangle – est parfois représentée, sur la photo, par une “forme” dont les côtés deviennent des courbes !
Ce qui implique, soit de présenter un document déformé, soit d’utiliser un logiciel, une application, qui redresse l’image…
Ici, comme chaque fois, j’ai pris le temps de redresser toutes les photos des étapes du dessin, avec une application dédiée. Puis d’utiliser une autre application, un logiciel dévolu au contraste pour les documents en noir-et-blanc… Puis un troisième pour finaliser…
Enfin, je vous invite à me laisser un commentaire ci-dessous… Merci d’avance. Même si je suis, peut-être, lent à répondre.
Richard Martens
Texte version 2.0, pour remise en images pour cause de « pire-ratage » (« hacker »). J’ai profité de l’occasion pour réécrire et compléter…
Notes
Voici les liens de l’article, au cas où ils seraient brisés dans le corps de l’article… Dans ce cas, il suffit de faire un copier-coller du lien ci-dessous, et de le coller dans la barre de votre navigateur…
- “Les 100 ans de Charles Barbier” : http://magie-mentalisme-memoire.fr/les-100-ans-de-charles-barbier/
- Akira Toriyama : https://fr.wikipedia.org/wiki/Akira_Toriyama
- Dragon Ball : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dragon_ball
- Dr Slump : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dr_Slump