Il y a quelque temps, j’ai publié deux articles, titrés « Etapes d’illustration de la Bosse du crime-1« 1, puis « Etapes d’illustration de la bosse du crime-2« 2. Cela m’a permis de commenter les étapes de la réalisation de cette peinture. Et puis je me suis demandé si cela montrait bien le déroulement des étapes. Ma réflexion a été de me dire que ce qui permet le meilleur « déroulé », c’était peut-être une vidéo. C’est pourquoi, à la fin de l’année 2016, j’ai réalisé et posté une vidéo sur ce thème sur YouTube…
Voir les étapes d’une illustration, commentées de vive voix
J’ai donc montré les étapes, en faisant un commentaire en voix « off ». C’est-à-dire sans que je paraisse à l’écran. Je vois beaucoup de vidéos, y compris des tutoriels, voire des cours vendus en vidéo, où l’auteur parait. Et parfois, il n’y a rien à voir ! L’auteur est présent à l’écran, et parle ! Et – parfois – cela dure… Aussi ai-je décidé que je montrerai ma photo au début et à la fin. Et le reste du temps de la vidéo, je veux montrer des images ! Montrer des étapes ! Ou faire des démonstrations ! Et dans ce cas, avec un cadrage serré, seule ma main peut apparaître. Montrer ma tête me semble inintéressant… ! Bref donner à voir ! Et non pas faire de la radio filmée…
Une vidéo avec des sous-titres
En plus de la voix « off », j’ai aussi opté pour mettre des commentaires écris, voire parfois des sous-titres. Certaines personnes pourraient se dire que c’est redondant,puisqu’il y a déjà une voix « off »…
D’autant que cela représente un supplément de travail : choix de la police de caractères, couleurs et « taille » (le corps) de la police… Le placement sur l’écran, pour ne pas nuire à l’image. Puis taper le texte…
L’avantage – et l’inconvénient – d’une vidéo commentée en voix « off », c’est que si des personnes sont sourdes ou malentendantes, elles perdent les commentaires ! C’est pourquoi j’ai décidé que je ferai des sous-titres. J’ai donc acheté l’extension qui m’a semblé la plus performante. Et j’ai sous-titré…
Toutes les étapes réunies chronologiquement à la fin de la vidéo
A la fin de la vidéo, j’ai réuni toutes les étapes, montrées dans les deux articles sur un même écran, côte à côte. Et je les ai « alignées », dans l’ordre chronologique. Ce que je n’avais pas pensé à faire lors de la publication des articles…
Pour les personnes qui ne l’ont pas encore vu sur ma chaîne YouTube3, voici donc cette vidéo :
Que pensez vous de cette Vidéo ? Avez-vous une meilleure vision des étapes d’une illustration ? Merci de commenter, ci-dessous…
Richard Martens (;-{D}
Texte version 1.0
Note
Comme d’habitude, voici les liens de l’article, au cas où ils seraient brisés dans le corps de l’article… Si c’est le cas, il vous suffit de faire un copier-coller de l’un des liens ci-dessous, et de le coller dans la barre de votre navigateur…
Etapes d’illustration de la Bosse du crime-1 : https://apprenons-dessin-et-peinture.fr/etapes-illustration-de-la-bosse-du-crime-1/
Etapes d’illustration de la bosse du crime-2″ : https://apprenons-dessin-et-peinture.fr/etapes-illustration-de-la-bosse-du-crime-2/
Ma chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCxK7SDFnIL3bNryhWMoySHg
Les étapes pour décalquer un dessin sont les mêmes que la façon traditionnelle de décalquer.
Avec l’utilisation du calque-carbone, il n’y a pas à noircir le dos du calque. Ce qui fait gagner une étape ennuyeuse.
De plus, dans cet article, je vous donne aussi quelques astuces au sujet des crayons utilisés pour décalquer…
Quatre « objets » pour décalquer !
Pour décalquer, quatre “objets” sont nécessaires :
un dessin à décalquer, ce qui est une évidence ;
notre calque-carbone ;
la feuille vierge qui recevra l’encrage ou la peinture finale ;
un crayon dur ou un stylet1.
Voyons maintenant un peu plus en détail… Ainsi que leur utilisation !
Quatre types d’outils pour décalquer
En guise d’objet pour décalquer, le plus connu est, bien sûr, le crayon ! Crayon graphite2 dont j’ai déjà parlé ailleurs. Cependant, il y a d’autres outils. Voyons-en la liste. Quatre sortes selon moi :
le crayon graphite en bois, si possible en 3 ou 4H ou plus “dur” (5H, voire 6H ou 7H) ;
le porte-mine (Critérium, etc.), y compris ceux qui utilisent des mines en 0,5 mm ;
le stylet1 pour pratiquer le “métal à repousser” ;
le stylet à fabriquer soi-même (tige métallique montée sur un manche en bois).
Je ne traiterai pas du crayon graphite, puisque j’ai déjà écrit là-dessus2. De même pour le porte-mine…
Stylet : qu’est-ce que c’est ? Comment en obtenir ?
Un stylet est donc une tige métallique.
Deux avantages du stylet
Car l’intérêt d’un stylet, c’est qu’il est inusable “face au papier”. Je devrai écrire : “contre le papier” ! De ce fait, il n’y a pas à l’affûter régulièrement.
Et reporter un dessin avec cette “mine” crée un report… fin ! Car le second avantage du stylet, c’est que son tracé est fin.
Stylet improvisé avec un porte-mine
Cependant, il est à noter que, parfois, une fine tige métallique est fournie avec le porte-mine en 0,5 mm. Parfois enfoncée dans la gomme, à l’autre extrémité de l’outil. Cela peut servir à ôter une mine cassée dans l’outil. Dont du même diamètre : 0,5 mm. Si on entre cette tige dans le porte-mine, à la place de la mine, en émoussant, avec un papier abrasif fin, “spécial métal”, on obtient un stylet. Donc une mine inusable !
Qu’est-ce qu’un stylet pour métal à repousser ?
Il existe, dans le commerce, des stylets à double “pointe” pour métal à repousser. Chacun étant terminé par une boule de diamètre différent (voir la figure 2). Donc deux tailles différentes par stylet. Le but, l’usage de ces stylets est de frotter le dos d’une feuille métallique spécialement traitée pour être facilement emboutie, creusée. Ainsi en retournant la feuille, nous obtenons un relief. D’où le nom du support : “métal à repousser”. C’est utilisé pour faire des décorations métalliques, en imitation de certains décors moyenâgeux, par exemple… Pour décorer des boites, des plats de couvertures de livres, etc.
Il est donc possible de détourner ces stylets pour décalquer…
Comment fabriquer un stylet ?
Enfin, il est possible d’enfoncer la pointe d’une aiguille à coudre dans une tige en bois. Puis de couper, avec une tenaille, le chas3 de l’aiguille. Attention à détourner la tête, afin de ne prendre aucun risque au moment de couper le chas… Ensuite, avec une pierre au carborundum4, on ponce la brisure. Enfin, on finit de polir avec une pierre à huile.
Ou bien on achète un stylet tout prêt, dans le commerce !
Un dessin à reporter
Ensuite, il faut, évidemment un dessin à reporter. Ici, pour cet article, j’ai choisi un dessin, un portrait, que j’ai réalisé au stylo à bille bleu, en février 2014, sur un carnet en format A5. Un bloc sténo, pour être plus précis.
Et il est important, avant d’aller plus loin, de décider de ce qu’on va faire au final ? Sera-ce pour un encrage ou pour une peinture ? Car en fonction de l’objectif (encrage, peinture, etc.) et de la technique utilisée (aquarelle, acrylique, etc.), le choix du papier va en découler.
Un papier plutôt épais (200, voire 250 à 300 g/m2) est souhaitable pour les produits à l’eau, comme le lavis, l’aquarelle, la gouache, l’acrylique…
Un papier moyen (120 à 150 g/m2) sera utilisé pour un encrage à l’encre de Chine, à la plume ou au pinceau.
Un papier léger, de 90 à 120 g/m2 sera utilisé pour les produits « secs » : crayon graphite, mine de plomb, fusain, pierre noire et craie blanche, sanguine, pastel, etc.
Trois couches pour décalquer
Passons maintenant à l’opération “décalquer” proprement dite.
Quand on utilise un calque-carbone, il y a trois couches… Soit, à partir du haut :
le dessin à reporter (noté “1” sur la Figure 4, photo ci-dessus), c’est-à-dire à décalquer, au dessus ;
le calque-carbone, au dessous (noté “2” sur la photo), donc au milieu des trois feuilles ;
le support final, c’est-à-dire le papier de qualité (noté “3” sur la photo) sur lequel on va peindre ou encrer, est placé en dessous.
Ici, j’ai soulevé la feuille du carnet de croquis (noté “1. Dessin”). J’ai placé en dessous le “2. Calque-carbone”, FACE CRAYONNÉE VERS LE BAS. Et encore plus en dessous, j’ai placé le support final, un papier de qualité, noté “3. Feuille vierge”.
Les quatre objets en action pour décalquer
Après avoir placé les feuilles dans le bon ordre, il suffit maintenant d’utiliser un crayon graphite dur ou un stylet (sur la photo, figure 5, noté en rouge « 4 » et en vert “Stylet ou crayon”), et de repasser TOUS les traits du dessin. Pas nécessairement les hachures, et les effets d’ombres…
La vérification indispensable !
Que signifie “Vérification indispensable” ? Simplement de soulever TOUT À LA FOIS, le dessin et le calque-carbone, pour voir, vérifier si le dessin est bien reporté sur la feuille vierge tout simplement !
Deux “risques” de ne pas arriver à décalquer !
Il y a deux risques de ne pas réussir à décalquer, ou à le faire partiellement :
en effet, il peut parfois arriver que, par étourderie, la face “carbone” du calque-carbone soit placé face en haut ! Donc la feuille vierge le restera… vierge !
ou bien, il arrive que le calque-carbone soit plus petit que le dessin à reporter. Et qu’on oublie de le déplacer au fur et à mesure… Donc report partiel !
Comparaison : l’original & le report
Sur cette dernière photo (figure 7), nous pouvons voir le début du résultat :
à droite un détail du dessin noté “1. Dessin original” ;
à gauche le début du report, noté sur la photo “2. Dessin décalqué”.
Voilà en résumé la technique pour décalquer, avec un calque carbone.
Sinon, je le rappelle, le procédé classique pour décalquer (développé lors du 1er article)5 implique qu’il faille frotter au dos (le verso) du dessin (ou du calque supportant le dessin original) sur l’ensemble de TOUS les traits du dessin. Et tout tracer à nouveau au recto au moment du report ! Trois étapes !
Merci de commenter et/ou de questionner. Que pensez-vous de ce principe ? Cet article est-il explicite et utile ?
Richard Martens
Texte version 2.0, pour cause de piratage/sabotage. Et restauration…
Notes
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Stylet, n. m. Antiquité – Instrument métallique effilé utilisé pour écrire sur les plaquettes de cire. Dictionnaire Antidote — Stylet : nom masculin. Petite tige métallique fine, rigide ou flexible, à pointe émoussée, d’usage chirurgical. Dictionnaire Larousse.
Article sur le “crayon graphite” : https://apprenons-dessin-et-peinture.fr/le-crayon-graphite/
Chas, n. m. Trou d’une aiguille, par où passe le fil. Dictionnaire Antidote.
Carborundum, n. comm. m. Marque de commerce relative à du carbure de silicium utilisé comme abrasif. Dictionnaire Antidote.
Le procédé classique pour décalquer : https://apprenons-dessin-et-peinture.fr/decalquer-un-dessin-1/
Comme je l’ai annoncé, il y aura trois parties consacrées à ce sujet :
Une 1re partie : pourquoi et comment décalquer ? Méthode ancienne, simple et classique, que j’ai déjà rédigé, et qui reste d’actualité.
Une 2e partie : ma méthode favorite pour décalquer, en “fabriquant” un “calque-carbone”. Méthode que je développe ci-après…
Et enfin une 3e partie qui montrera l’utilisation de mon “calque-carbone”, en manière de démonstration.
On peux se poser la question de savoir si ce “calque-carbone est pratique ? Et présente t-il un avantage par rapport à la méthode traditionnelle ? Pour répondre à cela, voyons d’abord en quoi cela consiste…
Comment obtenir un calque-carbone ?
Pour réaliser un calque-carbone, il suffit de :
couvrir la surface d’une feuille de calque, avec un crayon ! Je conseille quatre passages : un horizontal, un vertical et deux passages parallèles aux deux diagonales. Afin de bien noircir la surface ;
laisser une marge tout autour de la feuille ;
noter ce qui est le recto, si on suppose que c’est le verso qui est couvert par le crayon ;
noter le type de crayon.
Voyons tout cela en détail…
Pourquoi laisser une marge tout autour du calque-carbone ?
Laisser une marge tout autour permet de pouvoir saisir le calque-carbone sans se salir les mains… tout simplement !
Ici, le calque-carbone a été recouvert par du crayon de couleur noir Polychromos de Faber Castell.
Pourquoi du crayon de couleur noir plutôt qu’un crayon graphite ? Pour cette marque (Polychromos), il s’agit d’un noir qui est mat, contrairement au crayon graphite qui a un aspect métallique.
Cependant, j’ai aussi réalisé plusieurs calques-carbones avec du crayon graphite. Voyons pourquoi dans la suite de cet article…
Pourquoi plusieurs calques-carbones ?
J’en ai fait :
avec des duretés de crayons différentes (HB, 2H, Polychromos) ;
dans des formats différents (A4, A5, voir A6).
avec quatre couleurs différentes : noir, rouge, bleu, blanc.
Pourquoi ? Tout simplement :
selon le type de papier : carte à gratter, carton, papier kraft, papier teinté, papier pour l’aérographe, etc. ;
selon la taille de la future peinture ou du futur dessin ;
selon le genre. Explications sur le genre…
Quoi pour quel genre ?
Le genre, pour moi, signifie la destination « finale » : dessin, peinture…
J’indique, ci-après, avec le « genre », le type de crayon que j’utilise pour fabriquer un « calque-carbone », pour :
un dessin sur papier. Dans ce cas, j’utilise le crayon graphite ou le crayon noir Polychromos ;
un dessin sur carte à gratter. Pour la carte blanche : j’utilise un calque avec du bleu ou du noir. Pour la carte noircie à l’encre de Chine : j’utilise le Polychromos blanc ;
une peinture à l’aquarelle, le crayon graphite est le plus adapté, selon moi ;
une peinture acrylique, plutôt du Polychromos, qui « accroche bien sur l’acrylique. Donc noir sur fond clair, ou blanc sur fond foncé…
Vous aurez compris qu’il est important de s’adapter, selon le support (papier, toile, etc.) et la technique (plume et/ou pinceau avec encre de Chine, aquarelle, acrylique, etc.)
Pourquoi noter le type de crayon ? Et donc le recto ?
Je note toujours au recto du calque le type de crayon. Et sa dureté (ici,ci-contre, figure 2 : « crayon graphite 2H »).
Ainsi, je sais tout de suite :
que le verso (l’autre face du calque) est la surface couverte de crayon ;
quelle est la dureté du crayon.
À NOTER que la dureté est “réduite” sur un calque. Ainsi le “2H” semble plus gras sur du calque que sur du papier.
Comment protéger les calques-carbones ?
Je conseille de protéger les calques-carbones en les mettant simplement dans une “pochette” en plastique de format A4 (photo, figure 3).
Ainsi, tous les formats égaux ou inférieurs au format A4 (21 x 29,7 cm) peuvent y rentrer.
C’est simple, pratique et économique.
Et nous pouvons le ranger dans un classeur… Ou pas !
Ceci est une façon simple de les ranger et de les protéger…
Il y a une autre façon de faire ! Que j’explique maintenant…
Variante pour une auto-protection du calque-carbone ?
J’ai aussi conçu un calque-carbone auto-protecteur.
J’ai pris un calque deux fois plus grand que ce que je veux obtenir : pour avoir un calque-carbone A4 (21 x 29,7 cm), j’ai pris un calque en A3 (29,7 x 42 cm), que j’ai plié en deux.
Ensuite, j’ai noirci la partie intérieure gauche du calque, en laissant une marge (cf. la photo figure 4).
Puis, j’ai replié le calque. Le frottis est protégé !
Enfin, j’ai noté le type de crayon et sa dureté (cf. “3H”, figure 2 & 4).
Pourquoi des calques-carbones de couleur ?
Comme je l’ai expliqué plus haut, j’ai aussi créé du calque-carbone :
noir bien sûr !
blanc (pour les fond sombres ou noirs) ;
rouge ;
bleu ;
bleu pâle (invisible en photocopies noir & blanc).
Ce dernier bleu (pâle) permet de décalquer sans avoir à gommer quand il s’agit d’une réalisation en noir et blanc (style BD). car il s’agit d’un bleu invisible à la photocopie en noir et blanc…
Comment protéger les calques-carbones de couleur ?
La protection est la même que pour les calques-carbones noirs : une pochette en plastique destinée à du papier en format A4.
Je conseille d’avoir – au moins – deux pochettes différentes :
une pour le noir (graphite et couleur noire)
une pour les calques-carbones de couleur blanche, rouge, bleus.
Pour du A3, il est possible de plier la feuille en deux… Personnellement, je n’utilise pas de A3. pour des dessins ou des peintures de formats plus grands que A4, je me contente de déplacer le calque-carbone choisi…
Méthode pour décalquer plus efficace ?
On peut se demander en quoi ce type de carbone est-il plus efficace que la simple feuille de calque, utilisée comme je l’ai expliqué dans le premier article ?
Le calque-carbone est doublement efficace.
Il est efficace en terme de :
gain de temps ;
gain d’effort.
Soyons un peu plus explicite ! Voyons cela ci-dessous…
Efficace en gain de temps
En effet, la méthode classique (cf. le précédent article1) implique de copier trois fois le dessin à reporter :
calquer le dessin une première fois (recto) ;
noircir le dos, ou repasser tous les traits (verso) ;
décalquer le dessin (recto) en le reportant sur un nouveau support.
Avec un calque-carbone, il n’y a pas à effectuer l’étape 2. Car il suffit de glisser le carbone SOUS le calque à reporter. Donc un gain de temps !
Et si on réalise le dessin final directement sur un calque, on gagne aussi l’étape 1 !
Efficace en effort
Le calque-carbone est efficace en effort, puisqu’il n’y a pas à tracer trois fois. Seulement deux fois… Voire une fois seulement, si le dessin définitif est réalisé sur… calque !
À suivre… Avec une explication-démonstration lors du 3e article…
Osez faire des commentaires. Et merci de le faire…
Richard Martens
Texte version 2.0, restauration et remise en « forme », pour cause de piratage dévastateur.
Note
Comme d’habitude, voici le lien de l’article, au cas où il serait brisé dans le corps de l’article… Si c’est le cas, il vous suffit de faire un copier-coller du lien ci-dessous, et de le coller dans la barre de votre navigateur…
Pour certaines personnes, décalquer un dessin, c’est tricher ! Rien n’est plus faux !
Dans cet article, je rappelle brièvement la raison de décalquer. Et comment le faire, de deux façons différentes. L’une, est classique, et l’autre est celle que j’ai développée fort des conseils d’Alain Le Foll2, mon professeur d’illustration à l’Ensad1 de Paris. Professeur, hélas ! trop tôt disparu, et à la mémoire de qui je dédie cet article.
Bien que cela me semble évident, je préfère quand même préciser que le principe de décalquer implique de le faire aussi bien à partir d’un dessin qu’à partir d’une photo…
Il y aura trois parties pour cet article :
1re partie : Pourquoi et comment décalquer ? Méthode ancienne, simple et classique.
2e partie : ma méthode favorite pour décalquer… En “fabriquant” ce que j’ai nommé un “calque-carbone”.
3e partie : comment utiliser mon “calque-carbone”.
il est important d’encrer ou de peindre sur une feuille relativement lisse. Ceci implique donc de reporter un dessin sur une feuille vierge et nette, après avoir “fatigué” la feuille qui a “subie” les recherches, les tâtonnements, les repentirs…
À noter…
Le peintre Italien Raphaël est un très bel exemple d’un artiste qui décalquait systématiquement ses dessins. Perfectionniste, souvent insatisfait de ses dessins, Raphaël a conçu diverses méthodes pour dessiner et décalquer ses dessins, à une époque où le calque, comme nous le connaissons, n’existait pas ! Une exposition dans un musée Parisien, il y a fort longtemps, mettait en lumière ces diverses techniques, dont certaines étaient très originales !
Je rappelle que certaines techniques, comme l’aquarelle, ou l’aérographe ne supportent pas le papier foulé, gommé, frotté, creusé…
Pour illustrer “recherches” et “papier fatigué”
Pour mieux illustrer mes propos, concernant tout à la fois les recherches & le papier fatigué, voici ci-contre la couverture de l’excellent album de Tintin, voire son meilleur album selon les “tintinophiles” : “Tintin au Tibet”, par Hergé, aux éditions Casterman.
Pourquoi cette couverture ?
Tout simplement parce que cette couverture a figurée dans – au moins – deux expositions.
– « Et alors ? » me direz-vous…
Et bien parlons d’une…
Exposition montrant tout à la fois le crayonné ET la page encrée
Il y a de nombreuses années, j’ai pu visiter, à quelques temps d’intervalle, deux expositions consacrées à Hergé & à Tintin…
Pour celles & ceux qui ont eu, comme moi, la chance de voir l’une de ces deux expositions, nous avons pu, dans les deux, voir la même planche crayonnée de cette couverture, et à côté, voir la version finale, encrée.
Feuille fatiguée et recherches
Je mets ci-après, deux reproductions du crayonné de cette couverture.
On peut d’ailleurs en voir un exemplaire sur internet, via les recherches avec Google.
Et on en trouve une reproduction, en grand format proche de l’original, dans le superbe livre de Philippe Goddin, “Hergé et Tintin reporters – Du Petit vingtième au journal Tintin”, éditions du Lombard, 1986, à Bruxelles, à la page 124.
Marqué 1, sur cette première reproduction, j’ai entouré les personnages, car cette partie était littéralement tout en bosses et en creux, tellement Hergé avait crayonné et gommé à divers endroits, et surtout du côté des personnages (beaucoup de repentirs3).
Marqué 2, j’ai aussi entouré le chien Milou, qu’on peut voir en… Trois exemplaires ! Car Hergé cherchait visiblement où le placer. Il va de soi que, sur la couverture, Hervé n’en a encré qu’un, après avoir pris la décision de le dessiner et de l’encrer là où il est fixé pour l’éternité…
Je rappelle que, lors des expositions, il y avait la planche crayonnée ET la page encrée. Puisque Hergé avait décalqué l’ensemble du crayonné, dont UN seul Milou sur cette seconde page pour l’encrer.
On peut voir, ci-contre, tout à la fois les repentirs3 d’Hergé sur les personnages, et ses recherches concernant Milou…
Il semble que ce soit E. P. Jacobs qui ait appris à Hergé cette façon de faire, à savoir :
dessiner sur une feuille (recherches, voire finalisation du crayonné) ;
décalquer le dessin final, donc sur une feuille de calque ;
reporter le dessin, grâce au calque, sur une nouvelle feuille de qualité.
Comment décalquer précisément ?
Méthode simple pour décalquer
Cette première méthode est la plus répandue. Elle comporte trois étapes ou “passages” :
– poser et « fixer » un calque sur le dessin final et tracer au recto de la feuille de calque tout le dessin final ;
retourner le calque (verso ou « dos ») et repasser tous les traits du dessin au crayon. Ou frotter largement sur tout le calque (ou presque) ;
– remettre le calque à l’endroit (verso), comme au début. Le poser et fixer sur une nouvelle feuille. Et repasser au crayon tout le dessin qui figure sur le calque. Ce qui fait qu’on vient de décalquer le dessin sur une nouvelle feuille !
Revoyons cela en détail, et avec des images…
Première étape : dessiner/décalquer au recto de la feuille de calque
Cela consiste à poser une feuille de calque sur le dessin qu’on veut reporter sur une autre feuille. Il peut être utile de le fixer (ruban adhésif ou pâte adhésive). Ensuite on trace TOUS les traits du dessin sur ce calque. Ce que j’indique ci-dessous en notant, à gauche, “Recto-Endroit” ou “R”
Deuxième étape : dessiner – à nouveau – (ou frotter) au dos du calque
Ensuite, on retourne le calque, et au verso, au dos du calque (noté sur le schéma ci-dessus, à droite, “Verso-Envers” ou “V”), on trace – à nouveau TOUS les traits du dessin, par transparence. Sinon, on peut frotter grossièrement sur tous les traits… Il est important de n’en oublier aucun !
J’ai placé une flèche afin de faire ressortir le fait que la feuille de calque est bien retournée !
Troisième étape : décalquer le dessin au recto du calque sur une feuille vierge
Pour ce troisième passage, littéralement, on remet le calque à l’endroit (recto).
Puis on pose le calque sur une feuille vierge, en le plaçant là où on le souhaite. Et si possible on fixe le calque avec un ruban adhésif, en le testant au préalable, afin d’être sûr que ce ruban ne déchirera pas le papier vierge quand on l’ôtera. Il est pratique de fixer le calque seulement dans sa partie haute, par exemple. Ainsi on peut le soulever si on le souhaite…
Et enfin, on repasse sur l’intégralité des traits du dessin sur le calque.
IMPORTANT !
Il est utile de soulever le calque par le bas, de temps en temps. Cela permet de vérifier que les traits soient bien reportés. En effet, il arrive qu’on oublie de frotter certains traits au dos du calque… D’où l’intérêt de vérifier régulièrement…
C’est pourquoi je conseille de poser du ruban adhésif seulement en haut du calque. Pour pouvoir soulever régulièrement le calque, pour vérifier que le report se fait bien !
Dans la deuxième & troisième partie de cet article, j’expliquerai la méthode que j’appelle le “calque-carbone”. Comment en “fabriquer” et comment l’utiliser…
Oser faire des commentaires ci-dessous. Posez des questions, formulez des demandes !
Richard Martens
Texte version 2.0, pour cause de refonte post-piratage…
Note
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Ensad : acronyme pour “École Nationale Supérieure des Arts-Décoratifs” de Paris, communément appelée les “Arts-déco”. Voici le lien pour un article sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_nationale_sup%C3%A9rieure_des_arts_d%C3%A9coratifs
Alain Le Foll est un illustrateur Français de grand talent, né en 1934, et décédé en 1981. Il fut Directeur artistique aux éditions Delpire. Et illustra “Sinbad le marin”, et divers ouvrages. Et oeuvra aussi pour des magazines comme “Elle”, “Record”, etc. Il fut professeur d’illustration à l’Ensad dans les années 1970-1980 environ, à la même époque que ses collègues, Bob Élia & Jean Lagarrigue, entre autres. Et qui furent aussi deux de mes professeurs… J’ai eu la très grande chance de croiser sa route comme étudiant… Il m’a fait l’honneur de m’inviter chez lui, et m’a offert une gravure à l’eau forte dédicacée, ainsi qu’une lithographie en couleurs. Et m’a transmis le plaisir du partage, en apportant régulièrement des livres d’art. Il repose au Père-Lachaise…
Repentir : n. m. Beaux-arts : changement apporté à une oeuvre pendant son exécution. Dictionnaire Antidote. Souvent synonyme de « ratage », pour le commun des mortels qui ignorent ce mot… Et qui développent une PNP ou PNQP (« Pensée Négative (Quasi) Permanente »). Par opposition à la PPP (« Pensée Positive Permanente »)…
Nous allons voir les dernières étapes jusqu’à la parution du livre (le tirage), avec sa couverture, & les étapes intermédiaires jusqu’à la peinture finale.
Ces dernières étapes sont :
le calque final valorisé au crayon, vu dans le précédent article ;
l’esquisse en couleurs aux feutres ;
la réalisation finale, c’est-à-dire la peinture proprement dite ;
le tirage, c’est-à-dire la couverture imprimée.
La toute dernière étape ne dépend cependant plus de l’illustratrice ou de l’illustrateur, mais de l’éditeur. Ce sont les étapes de la “fabrication”, puis du “tirage”, avant la “distribution”. Voyons les étapes de la réalisation un peu plus en détail…
Quatrième étape : le dessin final « poussé » en valeurs
Cette étape du dessin poussée en valeurs a déjà été explicitée dans l’article précédent. Je remet ici la reproduction du calque final afin de permettre de pouvoir mieux observer les changements à partir du dessin définitif ! Donc ce calque représente le dessin définitif… Ou presque ! En effet, nous pouvons voir que j’ai dessiné le nez de la jeune femme. Et je l’ai valorisé. Ce ne sera plus le cas dans l’esquisse en couleurs…
Cinquième étape : l’esquisse en couleurs (ou “rough”)
Ensuite, vient l’esquisse en couleurs, la pochade, souvent nommée le « rough » ( en “franglais”, qu’on prononce “reuffe”) en couleurs. Pour cela j’utilise des feutres (appelés “markers” en ”franglais”). Et le mieux est d’utiliser un papier spécial appelé “papier layout“. Ce papier est très chargé en colle. Ainsi le feutre ne “transpire pas au travers du papier. Et les couleurs du dessin restent net.
Avantages du papier “layout” avec des feutres
Le papier “layout” présente au moins quatre avantages :
— il est translucide, presque comme un calque, ainsi, il est facile de “décalquer” le dessin placé dessous ;
— il est “imperméable”, donc la couleur ne tache pas la feuille suivante ;
— il est très fin. Ce qui permet de coller plusieurs morceaux de papier sans qu’apparaisse des sur-épaisseurs ;
— il permet de poser des couleurs avec des bords nets. Donc la réalisation reste nette. sinon elle pourrait être floue, “baveuse”.
Inconvénients du papier ordinaire avec des feutres
Car un papier ordinaire présente au moins trois inconvénients avec les feutres (les “markers”) :
— il “aspire” la couleur comme un buvard, usant prématurément le feutre ;
— il “transpire”, ce qui fait que la couleur apparaît à l’arrière de la feuille (au verso) et tache la feuille en dessous ;
— il a tendance à “baver”, générant ainsi un bord légèrement flou. Et le dessin n’est plus net !
But du “rough” ?
Le but de l’esquisse en couleurs (du “rough”) est de pouvoir montrer à la/au D.A. (Directrice/Directeur artistique) ce que sera la peinture ou la photo finalisée…
Chez Gallimard, la règle était de livrer une illustration finie. Ensuite la D.A., ou le Directeur commercial, ou l’éditeur, ou l’auteur pouvait dire “NON !” Et à l’arrivée du chèque (et à la somme indiquée dessus) je savais si la peinture avait été acceptée ou non…
Et pour une illustration finie chez cet éditeur, ici, j’ai les “casquettes de créatif (trouver l’idée), de Directeur artistique (D.A. qui choisi la meilleure idée), et d’illustrateur (qui réalise. Parfois on dit “qui exécute” !)
Je décide de cadrer encore plus serré ! Et je fais l’image aux feutres…
En fait, personne n’a donc vu ces étapes pendant la commande. Seul le résultat final a été livré chez l’éditeur, Gallimard… Je ne savais donc pas s’il allait être accepté ou refusé ?
Sixième étape : la peinture originale à l’aérographe
Pour passer à la réalisation, je peins, ici, à l’aérographe (sorte de pistolet à peindre, très fin), avec des encres acryliques & des peintures acryliques, dans un format plus grand d’un tiers, par rapport au format de parution.
Avec l’aérographe (comme pour une peinture à la bombe ou au pistolet), la peinture (liquide) se dépose comme un brouillard, puisque la couleur liquide est littéralement pulvérisée, vaporisée dans l’air en direction du papier.
Pour éviter que la couleur se dépose partout, j’utilise des caches adhésifs qui protègent les zones que je veux épargner.
Un certain nombre de détails, voire de parties de l’image sont peints avec un pinceau fin et de la peinture acrylique…
Ci-dessus, vous pouvez voir une reproduction de la peinture originale.
Attention
Cette peinture est cadrée beaucoup plus largement que sa future impression. C’est fait exprès. Il est essentiel de prévoir de la matière supplémentaire pour faciliter la prise de vue & le cadrage… Au cas où il serait nécessaire de cadrer plus large, ou pour la rogne (quand l’image arrive au(x) bord(s) de la page. Ce qu’on nomme “à fond perdu”. Ce n’est pas le cas ici.
Quelques détails de la peinture originale…
La bouche…
J’ai eu envie de montrer des détails de la peinture : la bouche, tout d’abord.
Je suis parti d’une photo…
Quand on utilise une photo comme modèle, le terme professionnel pour désigner cela est “le modèle du pauvre”…
Avec cette expression, il est sous-entendu que l’artiste n’avait pas les moyens financiers pour louer les services d’une vraie modèle !
Technique sommaire
Beaucoup de peinture au pinceau fin ! Je peins d’abord les noirs. Puis je place tout le rouge transparent en aplat ou en dégradé, selon le sujet.
Ici, cela a plutôt été deux aplats :
un assez vif pour la lèvre inférieure.
un plus sombre pour la lèvre supérieure qui est (presque) toujours plongée dans une légère ombre… Avec un éclairage plafonnant… Ou le soleil. Pour le dire autrement, un peu sombre avec un éclairage venant du haut !
Ensuite quelques ajouts de blanc au pinceau, PUIS à l’aérographe sans cache adhésif, pour créer un léger flou…
Le “tuyau-serpent” & les écailles
Pour l’aspect “serpent” du tuyau à gaz, là aussi, j’ai utilisé une ou deux photos… Donc « le modèle du pauvre » une fois de plus.
Il est vrai que, dans ce cas, il n’est pas évident de louer les services… d’un serpent.
Et aller au vivarium du Jardin des plantes, constitue une « perte de temps ».
Comme ce type de réalisation est relativement peu payé, cela ne serait pas « rentable »… Et même un artiste a à payer un loyer chaque mois, plus diverses charges…
Technique sommaire
D’abord un dégradé vert appliqué à l’aérographe.
Ensuite, j’ai peint uniquement au pinceau fin, écaille après écaille, une par une ! Les bords sombres d’abord.
Puis quelques lumières avec du blanc dilué à la fin…
La boucle d’oreille…
Une seule boucle d’oreille, bien sûr, car dans le récit, il est dit que l’autre est perdue !
Comme toujours, c’est un principe, pour une réalisation réaliste, j’utilise :
soit un “objet” à observer ;
soit deux ou trois photos…
Là encore, j’ai fait usage du modèle du pauvre…
Un professionnel de l’illustration – surtout réaliste – se doit de posséder une documentation abondante et d’accès rapide. Ceci afin de ne pas passer des heures à chercher un document. Les Américains ont nommé la documentation de l’illustrateur et du peintre : une « morgue » !
Technique sommaire
Pour les petits détails des pierres précieuses, je peins au pinceau avec du gris, et quelques touches de bleu…
La perle est faite à l’aérographe, avec de l’ocre jaune…
Septième étape : le tirage de la couverture
Ensuite, j’ai livré la peinture, posée sur un carton épais, et protégée par une feuille de calque.
L’éditeur l’a accepté. Ce qui impliquait au moins l’auteur (ou les ayants-droits), la Directrice artistique, Mme Jeanine Fricker, le Directeur de collection, et à l’époque M. Antoine Gallimard, je suppose…
La “prise de vue” a été effectuée… Avec des risques de modifications ou de pertes de certaines couleurs (surexposition ou sous-exposition).
Puis l’imprimeur est intervenu. Là aussi, risques de modification des couleurs : réglage du débit des encres, réaction du papier, etc.
Enfin la couverture est imprimée. Ce qu’on désigne par le terme professionnel de “tirage”…
Vous pouvez observer que le cadrage est plus serré, comme prévu. Les couleurs sont un peu délavées. Parfois il peut y avoir un virage coloré, la montée d’une des couleurs qui domine… Ce sont les aléas de l’illustration. Enfin, il y a aussi des couleurs en peinture qui sont quasiment impossible à reproduire à l’impression !
Si vous voulez voir d’autres couvertures, dans un format plus petit, j’en ai placé, il y a déjà fort longtemps, sur les pages de mon site ancien :