Comment illustrer un roman policier ? – 2

Voici donc la suite de l’article sur une utilisation de photos Polaroïd1, en manière de documentation, pour réaliser la couverture d’un roman policier de Frank Parrish, “La mouche et l’araignée”. Je rappelle que ce roman est paru chez Gallimard, dans la mythique collection Série noire1, en 1987.

Et tout d’abord, pourquoi utiliser une ou des photos pour peindre une illustration ?

 

Pourquoi des photos ?

De ce fait, comme je l’ai écrit dans l’article précédent, l’auteur peut prendre une pose précise (ou la chercher…), qui lui semble correspondre à ce qu’il veut.

 

Prendre la pose et l’assistant croque

Hergé, père de Tintin et Milou, avait des assistants, des collaborateurs, dont certains sont connus, comme Edgar P. Jacob, Jacques Martin, etc. Et sont donc de très bons, voire d’excellents dessinateurs. Ce sont donc eux qui dessinaient Hergé quand il prenait la pose… Qui le croquait ! Qui réalisaient donc un croquis…

Pas d’assistant ? Reste la photo, le “modèle du pauvre” !

Quand on pratique le dessin réaliste (BD, illustration…), et qu’on n’a pas de collaborateur, de stagiaire, d’assistant pour faire un dessin ou un croquis de la pose, il reste la photo pour avoir une base, une trace.

 

Trois sources de photos

Car, comme illustrateur réaliste, la documentation est indispensable. Et la documentation peut simplement être la réalité observable. Sinon, il y a la photo. Ce qu’on appelle, professionnellement, le modèle du pauvre. Et les photos peuvent avoir diverses sources :

  1. la reproduction de photo dans un livre ou une revue ; ce qui implique parfois de remuer beaucoup de papier ;
  2. la recherche sur internet… Maintenant, puisque nous sommes au XXIe siècle. Y compris sur des sites d’agences et d’archives photographiques ;
  3. la prise de vue réelle. Car là, il n’y a pas à chercher, si ce n’est la pose. Et souvent, la prise de vue est demandée à la personne qui partage la vie de l’artiste… C’était mon cas !

 

Le choix d’une photo Polaroid

Recherches de Richard Martens. La photo "Polaroid" finale, pour la couverture de "La Mouche et l'araignée", roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.
Recherches de Richard Martens. La photo « Polaroïd » finale, pour la couverture de « La Mouche et l’araignée », roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.

Parmi les diverses variantes de prises de vues réalisées par ma compagne (merci à elle), j’ai opté pour la prise de vue, que vous voyez ci-dessus, car elle permet de montrer l’expression du personnage.

L’intérêt d’une photo ?

L’intérêt d’avoir un support photographique, voire plusieurs, c’est d’avoir des informations graphiques, visuelles précises, comme des plis de vêtements, des ombres et des lumières, etc.

Ce jour-là, j’avais mis une chemise à carreau brun-rouge, et ma vieille veste de treillis. Si j’ai les vêtements correspondant à ce que je veux, je les enfile. Sinon, je prends des habits aussi proches que possible de ce que je veux, et ensuite, je modifie, j’adapte. Une prochaine fois, j’illustrerai la chose, en montrant que j’ai transformé un gilet en laine en une armure, et un bonnet de laine en casque métallique, toujours à partir d’une photo Polaroid

 

Reproduction agrandie de l’original

Peinture de Richard Martens, pour la couverture de "La Mouche et l'araignée", roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.
Peinture de Richard Martens, pour la couverture de « La Mouche et l’araignée », roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.

Voici donc la reproduction de l’original. Il est ici très agrandi, puisqu’il mesure réellement… 7 cm de diamètre !

Le fond du cercle, en bleu-violet, a été réalisé à l’aérographe (une sorte de pistolet à peindre “miniature”), avec de l’encre acrylique.

La réalisation du personnage est faite à l’acrylique “aquarellée”, c’est-à-dire avec une peinture acrylique très diluée, utilisée comme de l’aquarelle. Et avec un pinceau fin. C’est en posant la couleur par petits coups de pinceau que je réalise le modelé, au fur et à mesure. Vous aurez compris que c’est un type de peinture qui va de pair avec la patience.

 

Un détail en gros plan

Détail de la peinture de Richard Martens, pour la couverture de "La Mouche et l'araignée", roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.
Détail de la peinture de Richard Martens, pour la couverture de « La Mouche et l’araignée », roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.

Ce détail, fortement grossit, de cette peinture à l’acrylique, permet de mieux voir les “coups” de pinceau et les fondus.

J’ai décidé de ne pas utiliser du noir pour les ombres, typique de la façon de peindre de Léonard de Vinci, et, un siècle plus tard ou presque, par Le Caravage, puis les caravagistes.

De même, je n’ai pas utilisé les couleurs complémentaires pour assombrir les couleurs.

Pour cette peinture, j’ai opté pour des couleurs très diluées, et pour créer les ombres, j’ai fait, comme au moyen-âge, en utilisant les couleurs plus vives, plus intenses. D’où les “coups” de pinceau plus nombreux pour “assombrir”

 

Le tirage ou couverture imprimée

Couverture illustrée par Richard Martens du roman policier de Frank Parrish, "La mouche et l'araignée", parue chez Gallimard, collection Série noire, en 1987.
Couverture illustrée par Richard Martens du roman policier de Frank Parrish, « La mouche et l’araignée », parue chez Gallimard, collection Série noire, en 1987.

Et pour replacer cette peinture dans son “objectif”, qui, je le rappelle, était d’illustrer la couverture d’un roman policier, je replace la reproduction de ce qu’on nomme un tirage, c’est-à-dire la reproduction de la couverture imprimée. Car le but d’une illustration, c’est de mettre une image au service d’un texte, d’une idée…

 

Voilà pour cette approche de l’illustration et de la photo. Je reviendrai sur ce sujet…

 

Que pensez-vous de ces deux articles ? Vous ont-ils aidé ? Merci de prendre le temps de répondre ci-dessous… Et aussi de partager cet article.

Richard Martens

Texte version 2.0. Refonte de cet article pour cause de piratage…


Notes

Comme d’habitude, voici les liens de l’article, au cas où ils seraient brisés dans le corps de l’article… Si c’est le cas, il vous suffit de faire un copier-coller de l’un des liens ci-dessous, et de le coller dans la barre de votre navigateur…

  1.  Je ne mets pas un “s” à Polaroïd, puisque c’est un nom propre de marque… Pour les personnes qui l’ignore, cet appareil Polaroïd permettait de faire des photos à développement quasi instantané. Voici deux liens pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_photographique_instantan%C3%A9, d’une part, et d’autre part : http://fr.wikipedia.org/wiki/Polaroid_Corporation
  2. Là aussi, deux liens : le site officiel, celui des éditions Gallimard : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Serie-Noire, et, comme souvent, le site de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rie_noire à vérifier, s’il a été modéré ? (;-{D}

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Comment illustrer un roman policier ? – 1

Dans les années 80, j’ai beaucoup illustré des couvertures de romans policiers. Vous pouvez d’ailleurs en voir quelques-unes sur mon site1, consacré essentiellement à cette activité professionnelle : l’illustration. Que j’ai exercé pendant presque vingt années… Sur ce site, ces illustrations sont plutôt en petit format. Et j’en est retiré tout ce qui concernait les étapes de préparation, recherches, esquisses, etc. Puisque j’ai décidé de les placer sur mon “blogue” afin de pouvoir expliciter les étapes, voire les images…

Dans cet article, j’explique, et je montre, une façon de préparer une peinture, grâce à la photographie…

 

La couverture de La Mouche et l’araignée en 1987

Couverture illustrée par Richard Martens du roman policier de Frank Parrish, "La mouche et l'araignée", parue chez Gallimard, collection Série noire, en 1987.
Couverture illustrée par Richard Martens du roman policier de Frank Parrish, « La mouche et l’araignée », parue chez Gallimard, collection Série noire, en 1987.

Il s’agit d’une couverture illustrée du roman policier de Frank Parrish, “La mouche et l’araignée”. Ce roman est paru chez Gallimard, dans la collection Série noire2, en 1987. A cette époque, la collection Série noire était illustrée. Ce n’était pas le cas à la création, en 1945. Et ça ne l’a plus été plus tard…

J’ai décidé, pour cette couverture de faire figurer un personnage symbolique, pris dans une toile d’araignée…

 

Les conditions de réalisation de l’éditeur pour la « Série noire »

Dans l’univers de l’édition, aussi bien que de la presse, il y a toujours eu des conditions précises pour les réalisations, qu’elles soient écrites ou dessinées. Dans l’univers de la publicité, les conditions sont parfois encore plus contraignantes. Les éditions Gallimard ne faisaient pas exception à la règle. Voici donc les conditions précises qu’elles posaient, quant à la réalisation des couvertures de romans policiers, dans la collection “Série noire”. Je précise le nom de la collection, car les conditions étaient différentes pour “Carré noir” ou pour “Folio”, par exemple…

Les sujets déconseillés

Il y avait des sujets “déconseillés”. Il était bien précisé que ce n’était pas interdit, mais “déconseillé”. Déroger à ces conseils impliquait, bien sûr, que l’illustration ne serait pas publiée… Une liste de sujets “déconseillés”existait, qui était remise à l’illustrateur. Il était, par exemple, déconseillé de mettre une ou des armes dans l’image. Pas de sang non plus… A noter cependant que cette liste n’a pas été mise à jour. En tout cas, pour moi… Ainsi, il est arrivé que les billets de banque, à leur tour, soient déconseillés… Sans que je le sache, bien que concerné au premier chef, comme illustrateur. Je ne l’ai su qu’en livrant une peinture… Qui fut donc refusée. À noter qu’une illustration refusée était payée à la moitié de son prix… Ou au tiers ? Je ne suis plus sûr de cela…

Une peinture dans un tondo de 7 cm de diamètre

Vous aurez deviné, avec le mot “diamètre”, si vous ne le saviez pas, qu’un tondo est un “tableau de forme ronde”, nous dit le dictionnaire Antidote. C’est donc une double autre condition demandée, celle de la forme ET du format : que la forme de la peinture soit un cercle, un tondo, et que son format soit 7 cm de diamètre, c’est-à-dire le format de parution. Ce qu’on nomme, en terme professionnel : “tel”. Sous-entendu : illustration réalisée telle quelle… C’est ainsi qu’un de mes ami, Jean-Jacques Vincent, pour le nommer, n’a jamais voulu travailler pour cet éditeur, car il dessinait et peignait dans un format raisin… Ou plus grand ! Le format raisin égale 50 x 65 cm.

Il est souhaitable qu’un élément sorte du cercle

Enfin, il était conseillé qu’un élément dépasse, sorte du cercle, sans pour autant gêner, toucher, ou cacher tout ou partie du titre, ou du nom de l’éditeur.

 

Que vive le Polaroïd !

Recherches de Richard Martens. Quatre photos "Polaroid", pour la couverture de "La Mouche et l'araignée", roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.
Recherches de Richard Martens. Quatre photos « Polaroid », pour la couverture de « La Mouche et l’araignée », roman policier de Frank Parrish, collection Série noire, 1987.

Ci-dessus, j’ai placé quatre photos Polaroid3, que j’ai regroupées. Pour des raisons pratiques, très souvent l’auteur du futur dessin ou de la future peinture, sait quelle(s) pose(s) il veut obtenir,. Aussi, est-il plus simple, pour l’auteur, de prendre la pose et de se faire dessiner (par un collaborateur, comme Hergé pour Tintin), ou photographier (comme Edgar P. Jacob pour Blake et Mortimer). J’étais dans la même situation. C’est pourquoi j’ai pris les poses. Et ma compagne a t-elle patiemment pris les photos…

…à suivre…

Que pensez-vous de tout cela ? Est-ce que cela vous est utile ? Merci de me répondre ci-dessous…

Richard Martens

Texte version 2.0, pour cause de restauration post-piratage…


Notes

Comme d’habitude, voici les liens de l’article, au cas où ils seraient brisés dans le corps de l’article… Si c’est le cas, il vous suffit de faire un copier-coller de l’un des liens ci-dessous, et de le coller dans la barre de votre navigateur…

  1. Mon site d’illustrations professionnelles et personnelles : http://richard-martens.eu/. Les illustrations policières commencent à partir de cette page : http://richard-martens.eu/carrenoir504509c.html. Et la suite s’obtient en cliquant sur “Page suivante”, en haut à droite.
  2. Deux liens (;-{D} : le site officiel, celui des éditions Gallimard : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Serie-Noire, et, comme souvent, le site de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rie_noire
  3.  J’ai décidé de ne pas mettre un “s” à Polaroïd, puisque c’est un nom propre de marque… Pour les personnes qui l’ignore, cet appareil Polaroïd permettait de faire des photos à développement quasi instantané. Voici deux liens pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_photographique_instantan%C3%A9, d’une part et d’autre part : http://fr.wikipedia.org/wiki/Polaroid_Corporation

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